dimanche 31 décembre 2017

La loi " bar " ne nuira pas aux détaillants pêche et nautisme


Certes la dernière loi « bar » qui a été votée est injuste. L'effort qui est imposé aux plaisanciers pour protéger la ressource est totalement déséquilibré par rapport à ce qui est demandé à la pêche industrielle car c'est elle qui détruit les fonds marins. Tout comme la limite qui scinde la Bretagne en deux est idiote et nos représentants politiques sont des ânes.

Néanmoins, je l’affirme, la loi sur le bar ne nuira pas au commerce de la pêche ou au nautisme. Elle nuira juste au plaisancier qui était heureux de ramener un bar le soir à la maison.

Je vais essayer de vous expliquer "pourquoi", sans pour autant penser que cette loi est juste. Que ce soit bien clair, avant toute chose,  je pense que la pêche industrielle devrait être interdite au profit de la pêche à l’hameçon, avec une autorisation de prélever des bars (3 ou 5) pour les plaisanciers et surtout interdire complètement la pêche sur les zones de reproduction.

Premièrement, nous sommes sur un commerce de loisir. Le plaisir que nous prenons à aller traquer les bars est multiple. Il commence lorsque l’on achète ses leurres ; il continue lorsque l’on se retrouve dans la nature. Il est différent si l’on est seul ou accompagné d’un bon copain. Ensuite la prise du poisson nous apporte de la satisfaction, et enfin, et seulement à la fin, la consommation et le plaisir culinaire qu’elle apporte est la cerise sur le gâteau. Mais ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de cerise sur le gâteau que celui-ci n’est pas bon... Ce n’est pas parce que vous n’aurez pas le droit de prélever un bar que vous ne pourrez pas passer une bonne journée au bord de l’eau et vous régaler avec un lieu, un pagre, un Saint-Pierre, une dorade ou un barbecue de maquereaux... Bref, on ira pas moins à la pêche si on ne peut pas prélever de bar. On mangera juste autre chose.

Ainsi, pour pouvoir pêcher d’autres espèces et rentrer avec du poisson, les pêcheurs devront modifier leur matériel et donc investir. Et oui, pour attraper régulièrement des royales, des sars ou des poissons plats, il ne faut pas le même matériel que pour le bar... 

Concernant les pêcheurs de bars : une partie continuera à le pêcher en « catch & release » tandis que d’autres en prélèveront quelques-uns de manière illégale. Seulement très peu arrêteront de le pêcher et à la première chasse venue, ils ressortiront un asturie ou un super spook juste pour le plaisir de voir un poisson attaquer leur leurre. La pêche du bar ne s’arrêtera pas juste à cause de cette loi.

Il y a aussi un aspect mathématique : si un bar est pêché dix fois dans sa vie, il aura nécessité beaucoup plus de matériel et donc d’achats que s'il n'est pêché qu'une seule fois et mangé. Bien entendu, cela inclus l’idée qu’il ne s’est pas fait prendre dans un chalut...

Les exemples sur les zones où le no-kill est pratiqué montrent tous que cela profite en premier lieu à la pêche loisir.
En France il suffit de regarder la pêche de la carpe, où certains pêcheurs partent des semaines entières au bord de l’eau pour photographier un poisson qui a déjà un nom. Si ces poissons n’étaient pas relâchés, cette pêche n’aurait pas du tout le même poids économique.
En mer, aux États-Unis et au Canada depuis que la pêche et le prélèvement du bar rayé sont encadrés, le commerce s’en porte bien mieux. Pareil au Japon avec l’interdiction de consommer les seabass de la baie de Tokyo et Osaka. Plus il y a de poissons, plus il y a de pêcheurs.
 

Maintenant, il faudra les relâcher...


Pour finir, ne nous montrons pas égoïste. Je n’ai que 31 ans mais que ce soit en eau douce ou en mer, je vois bien qu’il n’y a plus autant de poissons que durant mon enfance. Même si la pilule est dure à avaler pour certains, soyons fiers de protéger notre Nature pour que nos enfants puissent pêcher un jour des bars au leurre de surface. Je relâche une très grande majorité de mes poissons afin qu’ils se reproduisent et que d’autres puissent en profiter.
 

On en arrive donc à ma conclusion : c’est la pêche industrielle, les prélèvements irraisonnés d’une minorité et la pollution qui nuisent aux détaillants car les pêcheurs arrêteront et arrêtent de pêcher par manque de prise et non par manque de casse-croûte.

Si vous souhaitez changer les choses, il y a bien plus d’efforts à fournir que de "simplement" changer une loi. Il faut modifier notre société en profondeur et cela passe par nos choix de consommation par exemple. Mais ceci est un autre débat...

Bonne journée et bonnes fêtes à vous !
Clément